Rudolf Noureev revient sur le devant de la scène le temps d'une exposition :
Le centre national du costume de scène (CNCS) de Moulins retrace jusqu'au 11 novembre la vie de Rudolf Noureev, présentant ses costumes dans une mise en scène sobre et subtile rythmée par la silhouette du charismatique danseur russe.
Pour cette exposition "Rudolf Noureev 1938-1993, la trame d'une vie", le CNCS a bénéficié de prêts de Covent Garden, de la Scala, de l'Opéra de Paris, ainsi que d'une partie de la collection cédée par la Rudolf Nureyev Foundation, qui doit permettre de réaliser un mémorial dédié au danseur sur le site.
Au fil du parcours de 1.500 m2, les pourpoints et tuniques de ses plus célèbres ballets, de Casse-noisette à Giselle jusqu'à son oeuvre fétiche La Balayère, composent des tableaux lumineux, contrastant avec l'obscurité des salles.
Le pourpoint du prince Siegfried dans le Lac des cygnes, dont il avait souhaité raccourcir la queue de pie témoigne de son exigence, jusque dans les détails de ses tenues.
"Plus que des costumes, ce sont des armures, comme une peau", souligne Martine Kahane, directrice du CNCS.
Les tutus de ses partenaires, dont la plus célèbre, Margot Fonteyn, avec laquelle il formait un couple mythique sur scène, sont également exposés.
Chaque tableau est accompagné de photos, parfois très expressives. Un film intermède présentant différentes scènes de son oeuvre reflète sa capacité à incarner l'amour, la souffrance, la tristesse, la tendresse.
Certaines photos rappellent les étapes de sa vie comme celles où apparaît son professeur de danse et père de substitution, Alexandre Pouchkine. La plupart ont été conservées par Rudolf Noureev lui-même ou confiées par ses amis.
"On voit beaucoup de valises sur ces photos, l'histoire était peut-être écrite avant d'être vécue", souligne Mme Kahane.
Le danseur russe né à bord du Transsibérien en 1938, entre à 20 ans au Ballet Kirov de l'ex-URSS et demande l'asile politique après le succès de ses représentations à Paris en 1961.
"Est-ce que tout cela ne m'est pas arrivé trop vite? Je n'ai pas de pays, pour moi, un pays, c'est juste un endroit pour danser", peut-on lire sur l'un des panneaux de l'exposition.
La visite s'achève en apothéose avec une scène de La Balayère retransmise sur grand écran, encadré de miroirs dont l'effet est sublimé par les costumes suspendus des danseurs.
Noureev avait connu le succès en France avec ce ballet et avait commencé à le monter juste avant sa mort en 1993.
"Toute histoire a une fin et on a voulu lui dire au revoir en terminant par ce ballet légendaire", affirme la directrice du centre.