Le Marseillais Mathias Heymann danseur étoile
Publié le mercredi 22 avril 2009 à 07H47
Né et formé à la danse à Marseille, il vient d'obtenir, à 22 ans, le titre suprême du Ballet de l'Opéra de Paris
C'est à l'issue de la première du ballet "Onéguine" que Mathias Heymann a été nommé danseur étoile.
Au sommet de la danse française et internationale. C'est là que se retrouve, à tout juste 22 ans, Mathias Heymann. Jeudi dernier, à l'issue de la première du ballet Onéguine, de John Cranko, au Palais Garnier, Gérard Mortier, directeur de l'Opéra national de Paris, l'a nommé danseur étoile (sa partenaire Isabelle Ciaravola a aussi été élevée à ce rang). Ses parents avaient fait exprès le déplacement de Marseille, où Mathias est né en 1987 : "Sans eux, je ne serai pas là où j'en suis, lâche-t-il avec émotion. Je les remercie profondément".
Jean-Charles, le père, est alsacien et professeur de mathématiques. Fatiah, la mère, est marocaine. "Entre la rigueur classique du premier et le grain de folie oriental de la deuxième", le garçon ne pouvait s'accomplir que dans l'art exigeant de la danse classique. Ce n'était pourtant pas sa vocation première.
"J'étais un enfant assez hyperactif, se souvient-il. Je faisais beaucoup de sport, tennis, natation, athlétisme. Petite, c'est ma soeur qui prenait des leçons de danse." La famille est alors en Afrique : "Je suis né à la clinique Beauregard mais j'ai passé mon enfance entre le Sénégal et Djibouti, précise-t-il. La coopération, c'était pour moi une éducation rêvée".
De retour à Marseille en 1996, "aux Chartreux où habite encore ma grand-mère", il se révèle un an après chez Véronique Sottile. Cette ancienne danseuse de Roland Petit y dirige alors une école à La Gavotte : "Un jour, j'ai accompagné ma soeur à son cours, se rappelle Mathias. Elle n'a pas continué, moi j'y suis resté. Véronique m'a bichonné".
Très vite, la prof repère ses dons : "C'était un petit intelligent. Il n'avait aucune base, mais l'envie. Dans la danse comme ailleurs, c'est main dans la main. J'y ai mis tout mon coeur. Et il a répondu présent". Véronique présente alors Mathias "dans de beaux concours. Il marchait à la médaille d'or". Jusqu'au Youth America Grand Prix, un stage de deux mois à Miami, qu'il remporte, en1999. "Peu après, j'ai vraiment plongé dans ce milieu-là." Attentif depuis le début -"C'est lui qui m'accompagnait aux cours"- son père envoie alors à l'école de danse de l'Opéra de Paris une vidéo de ses prestations dans ces concours. Entré en 2001, Mathias est engagé dès 2004 dans le corps de ballet. Il n'a que 17 ans: "J'ai une aptitude au travail, je suis tout le temps en demande. Je n'ai aucune difficulté à rester des heures en studio. Je suis 100% investi dans cette passion".
À partir de là, son ascension est fulgurante, franchissant chaque année les étapes (coryphée, sujet, premier danseur) jusqu'au "titre suprême. C'est une très belle reconnaissance et un privilège d'être nommé à cet âge-là, savoure le garçon. C'est l'ouverture à beaucoup de rôles". "Si c'est arrivé aussi rapidement, c'est parce qu'il avait été bien formé ici, souligne Véronique Sottile. Je suis heureuse que ce petit se révèle si vite."
Par Patrick Merle ( pmerle@laprovence-presse.fr )