Le danseur Nicolas Le Riche, étoile "très vivante" de l'Opéra de Paris
Le danseur Nicolas Le Riche à l'Opéra Garnier, le 4 décembre 2009 à Paris
"La danse m'a appris beaucoup de choses. Mais je suis quelqu'un de très vivant, je ne me serais pas tiré une balle si je n'étais pas devenu danseur !": Nicolas Le Riche parle avec un mélange de passion et de sérénité de sa vie d'étoile du Ballet de l'Opéra de Paris.
Son charisme, sa générosité sur scène, son style alliant puissance et naturel en font l'une des gloires de la compagnie parisienne. Samedi soir, il y effectuera une prise de rôle importante en incarnant le Faune à la sensualité animale immortalisé par Vaslav Nijinski ("L'Après-midi d'un faune", 1912).
Le spectacle, qui comportera trois autres pièces marquant le centenaire des Ballets russes, jouira d'une exposition médiatique inhabituelle, avec une diffusion dans une centaine de salles de cinéma en Europe en direct le 22 décembre, puis sur France 3 en différé le 1er janvier.
Nicolas Le Riche aborde avec bonheur ce programme à l'affiche du Palais Garnier jusqu'au 31 décembre, au sein duquel il est aussi distribué dans le "Petrouchka" de Michel Fokine.
"Pour moi, c'est tout simplement la période la plus importante de l'histoire du ballet. C'est l'annonce de la danse contemporaine, c'est ce qui fait que la danse est encore vivante aujourd'hui", s'enthousiasme l'étoile dans un entretien à l'AFP.
" L'Après-midi d'un faune", c'est une peinture de Klimt animée. Subitement, un homme parle sur scène de la sensualité, voire de la sexualité, on voit son corps... Avant, les danseurs (masculins) portaient de petits collants et des culottes bouffantes autour des hanches", rappelle l'artiste.
Nijinski était danseur-chorégraphe. Nicolas Le Riche l'est aussi à sa manière, lui qui a signé (en 2005) et dansé (2008) un "Caligula" pour le Ballet de l'Opéra. Le rôle du Faune arrive au moment où il a atteint une belle maturité artistique, à bientôt 38 ans (il les aura en janvier). "J'ai l'impression de vivre un moment très agréable et très épanouissant", dit-il.
Cela n'a pas toujours été le cas: la fin de sa formation à l'Ecole de danse a été plutôt laborieuse. "Je n'appréciais pas particulièrement le rythme de la scolarité", résume-t-il.
Son engagement dans le corps de ballet (en 1988, à 16 ans) a agi comme un déclic. "J'étais mon propre patron, j'allais travailler quand je voulais", se souvient-il.
Dernier admis dans la compagnie parmi les élèves de son niveau, il est ensuite chaque année le premier promu dans la "classe" supérieure: coryphée en 1989, sujet en 1990, premier danseur en 1991... Le 27 juillet 1993, c'est la consécration, à seulement 21 ans: il est nommé étoile par Patrick Dupond.
Nicolas Le Riche est actuellement le plus ancien danseur homme en activité à avoir été élevé à la distinction suprême. Il termine à ce titre le traditionnel défilé du Ballet, rituel émouvant s'il en est.
"C'est vrai qu'aujourd'hui je suis le doyen des étoiles (rires), donc je me sens une responsabilité auprès des nouvelles générations", assure l'artiste, qui ne tarit pas de louanges pour les jeunes danseurs de la compagnie, "de vrais bosseurs, des gens biens, qui ont l'esprit ouvert".
Lui sait qu'il lui reste quatre années avant d'être mis à la retraite (42 ans). "Pendant un moment j'ai pas mal voyagé. Pour ces quatre dernières années, j'ai envie de danser ici, de profiter de l'Opéra et de sa force", dit-il.
Et après, que faire ? C'est "un peu trouble" dans son esprit. "La première fois que je suis entré dans ce bâtiment, c'était il y a trente ans. C'est un drôle de truc..."